Randonnée Boréale Dans Les Monts Valins

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Le 31 juillet 2015 vers 5h45, je me retrouve sur le quai de Rimouski en compagnie d’une quarantaine de quadistes et 30 VTT qui font la file pour embarquer sur le traversier CNM Évolution. Nous attendons pour le début d’une tournée mémorable de randonnée sur la rive nord du Saint-Laurent, destination des plus intéressantes pour les quadistes avides de nouveaux paysages. Les visages des gens sont radieux malgré l’heure hâtive et même si MétéoMédiocre annonce un temps maussade durant les trois prochaines journées sur mon téléphone intelligent, les gens n’en ont rien à cirer. Il fait toujours beau en quad : ou il fait soleil, ou il n’y a pas de poussière. En attendant l’embarquement sur le traversier, faisons donc une petite rétrospective sur les préparatifs de cette activité pour comprendre les raisons de la tenue de cet événement.

Caroll Guérette…

Les gens du Bas-St-Laurent connaissent tous Caroll Guérette qui s’implique activement depuis 25 ans pour la cause du quad en région. Il est un des fondateurs du club quad du Bas-St-Laurent (Rimouski), a participé à la relance du club quad Mitis et a mis sa touche dans plusieurs dossiers régionaux. Étant un jeune septuagénaire, Caroll continue de porter le flambeau de la cause du quad. Il s’est intéressé à la région de la Côte-Nord et a organisé quatre randonnées dans les régions de la Côte-Nord. Nous participerons à la quatrième édition.

Caroll est fier d’affirmer que tous les participants à la randonnée laisseront entre $200 et $300 dollars par jour dans la communauté. Considérant que la randonnée comptera 46 participants, cette seule expédition laissera entre $28 000 et $41 000 dans la région…

Tiens, la colonne de quads commence à avancer, l’heure de l’embarquement est arrivée. Bientôt, les quadistes se retrouvent dans le lounge du bateau, discutant de toutes sortes de sujets, mais surtout des attentes qu’ils ont aux trois belles journées qui s’annoncent. Pendant ce temps, le capitaine lance son navire vers la côte nord dans le rugissement des moteurs Caterpillar à turbine.

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Jour 1 : Forestville – Les Escoumins (125 km)

En débarquant, nous sommes accueillis par le club de VTT de la Haute-Côte-Nord et son président Yvan Martel. Ils nous guideront à travers les contrées de l’arrière-pays durant les trois prochains jours. Ceux-ci nous conduisent rapidement vers un stationnement en esplanade où viendront nous rejoindre les autres membres de l’expédition qui portera le groupe à 46 participants et 30 VTT. La colonne se met enfin en route pour commencer le voyage. Nous roulons sur un sentier sablonneux qui serpente entre les épinettes. Par moment, les roues roulent dans le sable onctueux et le quad ondoie doucement au gré des longs vallons du sentier. À d’autres moments, nous roulons sur une planche à laver qui mettra à l’épreuve l’efficacité de la suspension des véhicules. Le sable est omniprésent et nous roulons par endroit entre les dunes de sable qui surplombent le sentier de 20 pieds. J’ai eu la même impression de conduite que lors de mon expérience de conduite d’un autoquad à Los Cabos au Mexique. En remplaçant les épinettes par des cactus, l’illusion serait parfaite.

Sachant que le sable est un matériau meuble, le club a pris les moyens et assure un nivelage des sentiers du secteur de la rivière Portneuf avec une niveleuse Champion de pleine grandeur que nous croisons près du camping Bellevue où nous sera servi le diner.

Une fois repus, nous quittons la zone du littoral pour nous enfoncer dans les terres et nous remarquons que la géologie du terrain diffère de celle qu’on est habitué de voir en roulant sur la côte sud. Nous accédons, en terme géologique, à la province de Grenville qui est une subdivision du Bouclier Canadien. Il s’agit d’une des formations rocheuses les plus anciennes de la planète. Le sentier, à la surface de roulement de bonne qualité mais plus rocailleuse, serpente en passant dans les montagnes et descend dans les coulées successives, encavées dans des caps de pierre. Nous pouvons voir moult lacs, ruisseaux et étangs causés par des barrages de castor dont celui qui, avec sa forêt de troncs d’épinette secs et blancs plantés dans l’eau, a frappé l’imaginaire de ma blonde par son apparence surréelle.

Nous faisons une petite pause sous la ligne de transport électrique de 735 kV qui sont les sentinelles témoignant de la réussite du génie québécois sur le défi du complexe hydroélectrique de la Manicouagan. Une fois les moteurs arrêtés et les casques enlevés, nous entendons un bruit de grosses gouttes d’eau qui claquait sur le plastique des carrosseries. Nous nous rendons rapidement compte qu’il s’agit du crépitement de l’électricité qui circule entre les quatre conducteurs de chacune des trois phases. Très évocateurs de la puissance transportée.

Finalement, nous repartons pour faire la première escale au complexe Pelchat des Escoumins où le personnel de l’hôtel est affable et courtois. Nous y trouvons hébergement, essence et restauration. Le propriétaire Martin est aussi très serviable pour vous aider à solutionner un problème mécanique ou d’autre ordre qui vous affligerait.

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Jour 2 – Les Escoumins – Auberge KM 31 (monts Valins) (190 km)

La deuxième journée verra un guide s’ajouter au groupe. Il s’agit de M. Martin Pelchat, un des administrateurs du complexe Pelchat. Les Pelchat sont des entrepreneurs qui créent les opportunités d’affaires au lieu d’attendre qu’elles arrivent à eux. Ils entretiennent un sentier de motoneige privé l’hiver afin que les motoneiges viennent à l’hôtel. Logiquement, ils appliquent la même recette pour les quads l’été. C’est donc le sentier développé par Martin que nous emprunterons aujourd’hui. Il nous met bien en garde qu’il s’agit d’un tracé préliminaire et que la signalisation sera installée cet automne.

Le tracé choisi emprunte la route qui longe la rivière Escoumins qui descend majestueusement vers le fleuve St-Laurent. Le spectacle des flots qui dansent au gré des méandres qui se dévoilent au fil de toutes les courbes de la route est des plus agréables pour l’œil et l’esprit. Nous montons tranquillement en altitude. La largeur de la rivière se rétrécit progressivement pour faire place à des lacs de toutes tailles et les feuillus font place progressivement aux typiques épinettes noires du Nord québécois. C’est agréable de suivre le sentier qui se love le long des rives de tous les lacs ou ruisseaux que nous rencontrons durant le trajet. Toujours en montant en altitude, la végétation s’appauvrit davantage et se résume à des épinettes à perte de vue et, sur les versants nord, un tapis de mousse jaune-ocre de 8 pouces d’épaisseur. Féérique.

Nous arrivons finalement à notre deuxième escale qui est l’auberge du Km 31 qui se dresse sur sa colline devant un immense lac. Il s’agit d’un complexe d’hébergement qui est traditionnellement utilisé par les motoneiges et nous sommes le premier groupe de quad d’importance à y séjourner au grand plaisir de la propriétaire. La table et l’hébergement y sont très convenables et la formule des chalets avec les deux chambres au deuxième, séparées par deux salles de bains privées, est très agréable.

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Le Jour 3 Monts Valin – Forestville (180 km)

Le matin est friquet, typique des mois de septembre précurseurs d’automne. C’est vrai que nous sommes le 1er août, mais c’est bien connu que les monts Valins voient l’hiver arriver un mois avant tout le monde. Après la photo de groupe usuelle, nous repartons vers la dernière destination du périple : Forestville. Nous roulons dans une multitude de chemins forestiers à travers les épinettes et les buchers en montant et descendant les montagnes. Le paysage ressemble pas mal à ce qui nous avons vu la veille et je me demande bien ce l’on pourra voir de nouveau comme paysage. Tantôt un lac, tantôt un ruisseau qui coule doucement viennent agrémenter le panorama.

Temps d’arrêt pour un frugal diner à la pourvoirie du Lac à Cœur, puis on repart en empruntant la route des Cèdres. Celle-ci longe le lac Frisé sur toute sa longueur, sinuant le long de la rive du lac jusqu’à la décharge qui devient un ruisseau aux eaux dormantes –des eaux mortes, dirait mon père- pendant plusieurs kilomètres. Lorsque la topographie commence à descendre, le ruisseau s’accélère et commence son périple qui finira dans le fleuve St-Laurent. C’est captivant, car on assiste au cycle de croissance d’un cours d’eau, en partant de la tête du lac, se ramasser tranquillement dans les eaux lascives sinueuses, s’accélérer et gonfler au fur et à mesure que d’autres ruisseaux viennent s’y verser. En descendant le chemin dans les coulées de montagnes, on aperçoit soudain entre les branches le flanc en roche nue, usée par les vents immémoriaux, de la montagne opposée dans la coulée. Inattendue mais évocatrice des panoramas qui approchent. Après avoir traversé une plaine d’épinette rabougrie, nous arrivons sur le faîte d’une grande côte où se dévoile un panorama incroyable : les parois rocheuses grises à gauche, la rivière Portneuf qui arrive de derrière nous et qui coule sur un superbe lit de sable blond digne des plages du sud, entourant des iles de sable çà et là, avec le profil des montagnes lointaines en arrière-plan. La rivière offre de superbes plages de sable en bordure de la route et nous ne nous faisons pas prier pour y faire une petite pause. Nous sommes vraiment dans un secteur qui nous offre ce qu’il y a de mieux sur la côte nord. Il ne reste que quelques kilomètres avant de terminer le voyage à Forestville et, même si le sentier revient par des chemins plus monotones, les images fantastiques de la rivière Portneuf nous font encore tourner dans la tête.

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Anecdotes et belles rencontres

Dans un voyage de la sorte, on rencontre toujours des gens qui sortent de l’ordinaire ou à qui arrive une anecdote peu ordinaire. L’anecdote revient à Jean et Nancy d’Amqui. Nancy attire l’attention en conduisant un rutilant Bayou 230 en très bonne forme qui roule aux vapeurs d’essence. Son conjoint Jean conduit un Eiger 400 et se rend compte au poste d’essence qu’il a perdu le bouchon de la sonde d’huile et il reste bien peu de lubrifiant dans le moteur. Catastrophe, le voyage est compromis. Après avoir viré à l’envers tous les concessionnaires des Escoumins avec l’aide de Martin (Pelchat), Nancy a l’idée de regarder comme il faut sous le quad et trouve le bouchon sur la plaque de protection ventrale en plastique, bien calé contre la membrure du cadre. Finalement, plus de peur que de mal.

Enfin, je garde un souvenir impérissable du très dédié fermeur de queue Russell Tremblay. Russell, fondateur de la boutique en ligne Saveurs Boréales, a été aperçu en roulant avec un épilobe à feuilles étroites entre les dents, histoire de démontrer le caractère comestible de la plante. Il est un passionné, un « tripeux » de la flore sauvage de la côte nord. Très volubile lorsqu’on aborde le sujet, il est un fantastique ambassadeur des merveilles insoupçonnées que recèle la forêt boréale.

Nous gardons un excellent souvenir de cette virée dans ces contrées sauvages boréales. Le voyage est dépaysant et agréable. Le commentaire de ma blonde après le voyage est : « On va revenir l’an prochain! » C’est tout dire.

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